FORMATION. Jardinier médiateur : un futur métier « hautement qualifié »
Un nouveau cursus, dédié au métier de jardinier médiateur, sera lancé en juillet prochain au CFA de Corrèze. D'une durée de 9 mois, 13 semaines en centre et 25 en milieu professionnel, il apportera un enseignement répondant aux problématiques sociétales actuelles.
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Le 2 juillet verra le lancement de la nouvelle formation professionnalisante « jardinier médiateur », au CFA de Corrèze, rattaché au lycée agricole de Brive-Voutezac (19). Emmanuel Coulomb, professeur d'éducation sociale et culturelle et d'aménagement paysager à Brive-Voutezac, fait partie des initiateurs : « Après avoir visité, avec ma collègue de biologie, des jardins dédiés aux soins, nous avons compris qu'il était nécessaire de créer ce nouveau métier, et de faire reconnaître cette fonction. »
Qu'ils soient jardins thérapeutiques, de soins, pédagogiques, d'insertion, de santé, ces espaces sont d'abord des jardins et ils doivent techniquement pouvoir être traités comme tels. Ils sont souvent créés dans des milieux très contraints, sur des terrains ingrats et des espaces restreints (cours de prison, espaces verts d'hôpitaux ou maisons de retraite, cours d'écoles ou d'établissements scolaires). Ils demandent une réflexion préalable, technique, pour réussir les projets. Il est donc nécessaire que la personne qui s'en occupe soit formée comme jardinier, capable de concevoir, de créer et d'animer un tel lieu.
Le jardinier médiateur doit par ailleurs pouvoir développer une approche sociale, pédagogique, de relations humaines. Pour Emmanuel Coulomb, « le gestionnaire d'un jardin de soins a besoin de beaucoup de compétences, dans divers domaines : une très solide base technique, en matière de connaissance du fonctionnement du sol, de la palette végétale, y compris des légumes ; un bon niveau en montage de projets et planification de chantiers ; des compétences relationnelles, dans les domaines de l'animation et de la médiation. » Il n'a pas vocation à être un thérapeute : il travaillera avec différents métiers de soins. Cette triple compétence fait de lui un ouvrier hautement qualifié, possédant en plus de réelles compétences humaines et sociales. « Le métier est en train de se structurer, explique Emmanuel Coulomb. Des formations courtes existent déjà (1) mais aucune n'est professionnalisante. Notre formation est soutenue par l'Agence régionale de la santé de Nouvelle-Aquitaine. »
Prendre soin de l'humainvia le végétal
Le jardinier médiateur peut devenir un acteur au coeur des problématiques sociétales plébiscitées actuellement que sont les liens entre santé, alimentation, environnement, agriculture. « Comment utilise-t-on le jardin, l'horticulture, le végétal pour rendre le monde meilleur ? », demande le professeur. Relier l'être humain à la source végétale, au sol qui en est le support, c'est le relier à la vie. Les bienfaits du végétal sur la santé - aussi bien mentale que physique - sont connus. Toucher les plantes, en prendre soin, travailler la terre, c'est être en contact avec la source de la vie. Des recherches sur ces sujets existent déjà. Elles sont menées par l'Institut national des sciences appliquées (INSA) de Blois (41), l'École nationale supérieure de paysage (ENSP) de Versailles (78), l'École supérieure d'agricultures (ESA) d'Angers (49), Plantes & Cité... Le jardin est souvent utilisé comme prétexte à l'accompagnement thérapeutique, car il offre un cadre vivifiant et serein. Il sert aussi à l'insertion de personnes en rupture sociale, comme le montre l'exemple des jardins de Cocagne (2). « Nous assistons à une prise de conscience collective de l'importance de l'arbre et du végétal dans nos vies. Il se passe "un truc avec les plantes", constate Emmanuel Coulomb qui poursuit : « La filière horticole et du paysage doit se saisir de cette opportunité. La formation que nous créons n'existe pas ailleurs pour l'instant. Nous en avons écrit le référentiel et nous souhaitons qu'elle s'ouvre dans d'autres centres. »
Cécile Claveirole
(1) Voir Apprendre à créer, entretenir et animer des jardins de soin, le Lien horticole n° 1051du 21 mars 2018.(2) Les Jardins de Cocagne, exploitations maraîchères biologiques généralement sous statutloi 1901, existent principalement sous formed'ateliers et chantiers d'insertion (ACI).
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